Colloque "Le havre avant Le Havre"

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Programme des interventions

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             SOMMAIRE

 

 

                            Le programme des interventions

 

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                            Informations pratiques

 

                            Présentation et organisation du colloque

 

                            Résumés des communications

 

                            Bio-bibliographie des intervenants 

 

                            Comité scientifique

 

  

 

                   Contacts

 

                   Gérard Lecornu - Président des Amis du Musée d'Harfleur - 06 50 75 58 36 - gerharfleur@gmail.com
                   Danièle Sansy - Maître de conférences en Histoire médiévale - Université Le Havre Normandie - daniele.sansy@univ-lehavre.fr

 

 

 

 

 

 

 

Colloque Le havre avant Le Havre

 

La fondation du Havre en 1517 par François Ier s’inscrit dans l’histoire, déjà longue, de la Pointe de Caux. Dans le cadre des 500 ans du Havre, les associations historiques de l’agglomération havraise (Amis du Musée d’Harfleur ; Société Havraise d’Études Diverses, Montivilliers Hier, Aujourd’hui, Demain ; Centre Havrais de Recherche Historique) se sont associées aux Musées d'Art et d'Histoire de la ville du Havre et à l’Université Le Havre Normandie pour organiser le colloque « Le havre avant Le Havre ».

               Le colloque, qui aura lieu les jeudi 14 et vendredi 15 septembre 2017 à La Forge (Harfleur), a pour objectif de mettre en lumière des recherches récentes ou en cours qui renouvellent notre connaissance de l’histoire de la région havraise entre la Préhistoire et le début du XVIe siècle.

               L’archéologie atteste de l’évolution de l’occupation humaine du territoire depuis les temps les plus anciens et les communications présentées le jeudi 14 septembre en présenteront quelques jalons datant de l’époque romaine, qu’il s’agisse des témoignages funéraires des Calètes ou de l’occupation de Caracotinum (Harfleur). Les fouilles menées en 2011-2012 aux Coteaux du Calvaire à Harfleur ont aussi révélé une des plus importantes nécropoles mérovingiennes (Ve-VIIIe siècles) actuellement connues au nord de la Loire.

               Les communications du vendredi 15 septembre mettront en lumière plusieurs axes qui ont retenu l’attention des historiens. D’abord l’histoire maritime de ce territoire entre Seine et Manche qui reste encore largement à écrire. Plans et sources d’archives permettent néanmoins de proposer une restitution du paysage de la rive droite de l’estuaire, autour des ports de Leure et Harfleur, dont les destinées sont profondément liées à la fin du Moyen Âge. Il est possible, grâce à une documentation écrite plus fournie à partir du XIIIe siècle, d’étudier l’activité des marchands et gens de mer originaires de la pointe de l’estuaire. C’est d’Harfleur que sont exportés les draps qui font la fortune de Montivilliers, la production de la draperie montivillonne connait à son apogée au XIVe siècle jusqu’à l’occupation anglaise. Aux lendemains de la guerre de Cents ans, dans une région dont les enjeux stratégiques paraissent essentiels à la royauté, le développement des petites villes, en particulier d’Harfleur, bénéficie de l’attention et du soutien financier des rois, de Charles VII à François Ier. De cette période subsistent de nombreuses églises, la région ayant été un des foyers actifs de l’art religieux du gothique flamboyant.

               Deux visites sont proposées en marge du colloque. Les Amis du Musée d’Harfleur présenteront les vestiges de la Porte de Rouen (Harfleur) le jeudi 14 septembre à 16h50. Le vendredi 15, à 18h, Mathieu Deldicque, conservateur du patrimoine au Musée Condé, assurera à l’Abbaye de Graville une visite-conférence de l’exposition « Être mécène à l’aube de la Renaissance. L’amiral Louis Malet de Graville », dont il est le commissaire scientifique.

                                                                                                                                                                                                   

 
Résumés des interventions

 

Jean-Pierre WATTÉ

 

Préhistoire et protohistoire au carrefour de la Seine et de la Manche.

 

La ville du Havre proprement dite a été créée en 1517, mais des hommes foulent son sol depuis quelque 400 000 ans. Durant ce temps très long, la topographie des lieux a beaucoup varié en fonction des changements climatiques et de l’érection des plateaux alentours. Nos ancêtres ont d’abord dû subir les modifications de cet environnement, avant de se mettre à l’exploiter. Il s’ensuit l’existence de deux grandes phases. Au cours du Quaternaire, l’alternance de périodes chaudes et froides a conditionné l’établissement ou au contraire la désertion des populations ; jusqu’à – 5 000, elles ont vécu en pratiquant prédation et nomadisme. À partir de cette date, avec l’arrivée des premiers paysans néolithiques, la vallée de la Seine et les côtes de la Manche constituent des axes de circulation privilégiés, comme le montre la répartition d’objets importés, parfois de contrées lointaines. C’est encore plus vrai aux Âge du Bronze et du Fer où la Manche, entre continent et îles britanniques, devient une sorte de petite Méditerranée ; camps et sites fortifiés de hauteur permettent alors le stockage de marchandises destinées à l’exportation et le développement d’activités artisanales, tout en témoignant de l’émergence de petites chefferies ou de clans qui cherchent à contrôler cette nouvelle économie.

 

 

Laurent VISSIÈRE

 

Le siège d'Harfleur en 1415 - Naissance d'un nouveau César ?

 

               A la demande des Amis du Musée d'Harfleur, Laurent Vissière reprendra son intervention à propos du siège d'Harfleur en 1415 effectuée lors du colloque "Autour d’Azincourt  : une société face à la guerre (v. 1370-v. 1420)" organisé par l'IRHiS en novembre 2015.

 

 

David LEMIEUX

 

Le monde des morts dans la Normandie romaine : le cas des Calètes.

               Si la Normandie est une terre riche d'histoire, la période romaine demeure cependant plutôt mal connue. Pourtant, les vestiges datés de cette époque sont nombreux, à Lillebonne comme à Dieppe, sur le territoire du Havre comme sur celui d'Harfleur. Une large partie de ces trouvailles sont de nature funéraire ; l'objet de cette communication est de les présenter, dans toute leur diversité. 

               En utilisant les relevés des fouilles anciennes, ainsi que les comptes rendus des opérations archéologiques les plus récentes, il est en effet aujourd'hui possible d'esquisser une synthèse sur le monde des morts en pays calète, qui permet aussi de jeter un nouveau regard sur le monde des vivants dans cette cité de Gaule romaine. D'un point de vue géographique, cette ciuitas correspondait approximativement au Pays de Caux ; quant aux vestiges antiques qui nous intéresseront, ils datent pour l'essentiel d'une période comprise entre la conquête césarienne et le milieu du IIIe s. apr. J.-C.

               Il s’agira de présenter les formes de recomposition du territoire, des élites et des rituels dans la région, que laisse deviner l'examen du mobilier funéraire daté de la période romaine. Nous verrons ainsi que les sépultures attestent d'une évolution différenciée de l'est et de l'ouest du territoire, des plateaux et des vallées ; elles se caractérisent également par un appauvrissement et une diversification du mobilier d'accompagnement du défunt, témoignant de l'émergence d'une nouvelle culture funéraire.

 

 

 

Julien BOISSON 

 

Découvertes effectuées lors des fouilles des Coteaux du Calvaire à Harfleur (2011-2012)

 

               La présentation peut aborder deux thèmes puisque les principaux vestiges concernent une vaste occupation gallo-romaine des 2-3 premiers siècles de notre ère ainsi qu'une forte présence du Haut Moyen Âge qui se traduit par la fouille d'une nécropole mérovingienne quasi intégrale, une première depuis près de 20 ans en Normandie.

 

               L'occupation gallo-romaine semble débuter dès la période augustéenne et s'intensifie très rapidement aux alentours de 50 de notre ère, ce qui est assez rare dans notre région. Les faits les plus marquants s'illustrent par la présence dès 40-50 de notre ère par une production potière. Cette dernière se distingue par la présence de fours (bien conservés) ainsi que d'un dépotoir assez conséquent montrant la production de cruches. L'autre fait important est la construction dans ces mêmes décennies d'un vaste complexe de près de 2000 m² composé d'une vaste cour enclose par des murs et d'un bâtiment d'environ 600 m², en partie détruit, mais qui semble être de plan basilical.


 

Les découvertes de l'époque romaine sont parmi les premières et les plus conséquentes nous renseignant sur la ville de Harfleur – Caracotinum dont on ne connait pour l'instant que peu de choses.

               L'époque mérovingienne est tout aussi intéressante. Si les traces d'occupations domestiques se sont révélées ténues ne livrant que deux ou trois fonds de cabane, un bâtiment probable sur poteau et un réseau fossoyé très simple, les vestiges funéraires se sont révélés conséquents.

Deux sépultures isolées ont été découvertes (très arasées), installées dans des fossés d'époque romaine. Elles illustrent parfaitement ce phénomène bien connu de réutilisation de vestiges plus anciens pour installer des défunts dont on connait mal le statut, la plupart du temps isolés ou en très petits groupes et ne livrant que peu d'artefacts avec les squelettes.

Le fait le plus marquant est la découverte d'une nécropole quasi complète qui a livré plus de 560 individus, des traces d'architectures des tombes ainsi que de très nombreux objets dont quelques éléments très peu fréquemment retrouvés comme ces deux boucles de ceinture en cristal de roche.

               Ces deux occupations distinctes et séparées de quelques siècles montrent que très tôt le site de la ville d'Harfleur est un endroit privilégié pour l'installation de groupes humains, probablement déjà pour profiter de l'emplacement comme accès pratique et sécurisé à l'estuaire de la Seine et à la mer.

 

 

Claire ETIENNE-STEINER

Les havres avant Le Havre

 

               Il s’agira d’une tentative de restitution du paysage de la pointe de l’estuaire de la Seine, avant la fondation de la ville neuve du Havre. Ce paysage était neuf, lui aussi, puisque constitué à partir du XIIIe siècle : l’éboulement de l’extrémité du cap de la Hève à la pointe de l’estuaire entraîne la formation de bancs à son embouchure et d’un cordon de galets contre lequel les alluvions vont s’amasser pour constituer un polder naturel. Le terrain en marais et vasières éloigne de la mer le port Souverain de Normandie, Harfleur, et oblige à lui chercher un avant-port dès la fin du XVe siècle.  Le port de l’Eure, situé sur le littoral et qui lui servait d’allège, est en effet victime du même phénomène récurrent dans tous les ports d’estuaires. Ce sera Le Havre dont la fondation va entraîner la disparition définitive de l’Eure et le lent déclin d’Harfleur. Cette restitution s’appuiera sur des plans anciens confrontés aux plans actuels et sur les sources d’archives de l’époque.

 

 

Laurence JEAN-MARIE

 

Harfleur et Leure, intérêts communs et concurrence (XIIIe-XIVe siècles)

 

               Les activités portuaires de Leure et Harfleur sont attestées au XIe siècle mais les sources, fort disparates et peu nombreuses, permettent difficilement d’en mettre en évidence les activités. C’est à partir de la fin du XIIIe siècle que l’essor de ces ports peut l’être plus nettement, notamment grâce aux sources anglaises (patent et close rolls), aux documents du clos des galées de Rouen ou encore au trésor des chartes. Les deux ports accueillent hommes et navires étrangers. Leurs marchands et gens de mer fréquentent l’Angleterre. Bientôt, Harfleur et Leure sont impliqués dans les premières opérations de la guerre de Cent ans. Au cours de cette période, les deux ports doivent également faire face aux difficultés que génèrent le cours mouvant de la Seine et l’ensablement de la Lézarde permettant la communication d’Harfleur avec elle. En résultent des conflits qui permettent de poser la question d’une concurrence entre les deux établissements portuaires. Les sources laissent espérer de jeter un éclairage sur certains individus actifs dans ces ports et y exerçant des responsabilités.

 

 

Jean-Louis ROCH

 

Les mystères de Montivilliers, ville drapière.

 

               Montivilliers, petite ville sur la Lézarde, tout près du Havre, a été un centre drapier important au XIVe et au début du XVe siècle. La draperie, la fabrication des tissus de laine, y a connu alors un extraordinaire succès, à partir des années 1330 : exportée dans le midi de la France, l’Espagne, la Flandre, l’Angleterre. Au XVe siècle, on trouve des « monstaveliers » (bleus, gris) en Germanie, en Hollande et dans les pays baltes, voilà un premier mystère ; il semble qu’il s’agisse le plus souvent d’imitations anglaises, fabriquées dans le Suffolk et à Colchester. La draperie de Montivilliers n’est pas la première des draperies normandes à connaître un succès international, mais elle n’est mentionnée qu’à partir du tarif parisien de 1337. Cette précocité ne peut signifier qu’une chose : une naissance tardive, sans traditions, a permis d’innover davantage que ses concurrentes. En quoi cette production est-elle neuve ?

               On va alors assister en 1340 au moment où les drapiers demandent un sceau pour authentifier l’origine des draps, à une limitation du nombre des fils en largeur à 2200 fils. Nous sommes au cœur de la mutation qualitative, le basculement vers la qualité de draps de plus en plus denses. Mais si Montivilliers a pu faire sa mutation de manière précoce, c’est que les drapiers ont sans doute disposé de laines plus fines, en particulier de laines anglaises. Et c’est là que le port d’Harfleur joue sans doute un rôle. Non seulement pour l’exportation des draps, grâce aux Castillans et aux Portugais, qui y bénéficient très tôt de privilèges, mais aussi pour l’importation de laine anglaise. Une plate-forme d’import-export, en quelque sorte. La réussite de Montivilliers est aussi limitée dans le temps ; on connait le volume de production grâce aux taxes levées par l’abbaye pour les années 1380-1410 : 2500 à 3000 draps par an : mais d’ailleurs avec quelle population ? À partir de l’occupation anglaise (1419), la production ne cessera de baisser.

               Quel est le milieu social qui a permis la réussite de Montivilliers ? La lecture du règlement de 1322 a entrainé des hypothèses. Mathieu Arnoux a supposé que, jusqu’en 1380, la ville drainait la production des villages de la vicomté, voire du Caux, formant un mini-district industriel. Isabelle Theiller est allée plus loin et a proposé de voir dans Montivilliers une ville sans ouvriers, et dans ses draps des « draps de vicomté ». Deux listes d’amendes (1363 et 1380) et les règlementions semblent aller contre ces hypothèses. Reste une question encore mal éclairée : quelle a été l’importance de la population urbaine ? Il semble en tout cas que nous ayons affaire à ce qu’on peut appeler « une ville atelier ».

 

 

Bruno SINTIC

Petites villes normandes à la fin du XVe siècle : gouvernement et relations avec la Royauté.

 

               Vers 1450, après 35 ans d'occupation anglaise, la Normandie est reconquise par les troupes du roi de France. Dès lors, le souci de la Royauté est de prévenir toute nouvelle invasion. Le pouvoir central va s'appuyer sur toutes les villes qui, en Normandie, présentent un intérêt militaire, comme, bien sûr, Rouen mais aussi, des villes plus petites telles Pont-Audemer, Louviers, Neufchâtel ou Harfleur. Le roi offre, pour une durée limitée, d'importants avantages fiscaux devant permettre à ces localités de se reconstruire, de renforcer leurs fortifications, d'organiser les habitants, d'étoffer leur armement. La gestion d'un budget extraordinaire est confiée aux notables locaux. Elle donne des responsabilités accrues aux édiles urbains et fait naître des relations plus étroites qu'autrefois entre villes et pouvoir royal.

               Après avoir décrit la manière dont s'organise le pouvoir politique local dans les villes normandes, on évoquera, au travers du cas d'Harfleur, les liens existant entre villes et Royauté au lendemain de la Guerre de Cent Ans (ressources, présence d'officiers, visites de personnalités, voyages auprès de la Cour, entrées royales et fêtes ...).

 

 

Laurent VISSIÈRE

 

Sous la protection de la Couronne

Lettres royales adressées à la municipalité d’Harfleur de Louis XI à François Ier

 

               À la fin du XVe siècle, la cité d’Harfleur, meurtrie par la guerre de Cent Ans et la série de sièges qu’elle a subie, chercha à retrouver la place économique et stratégique qu’elle possédait avant 1415. Elle mena de fait une politique très soutenue à l’égard des rois de France successifs, de Charles VII à François Ier, et ceux-ci écoutèrent avec bienveillance ses doléances, accordant libéralement chartes, exemptions fiscales et privilèges. Car Harfleur demeurait dans leur esprit cette fameuse « clé » de la Normandie, voire du royaume de France, et l’on redoutait toujours le retour offensif des Anglais. Par un heureux hasard, un prodigieux ensemble de lettres royales envoyées à la cité a été conservé aux Archives départementales de Seine-Maritime. Le fonds est exceptionnel, puisque l’on compte 14 lettres de Louis XI, 19 de Charles VIII, 15 de Louis XII, 3 de François Ier et près de 70 autres missives de hauts personnages de la cour, comme le cardinal d’Amboise, Louis de La Trémoille ou l’amiral de Bonnivet, entre 1470 et 1530 environ. La plupart de ces lettres sont conservées en original et, à ma connaissance, toutes demeurent inédites. Mises en relation avec les chartes destinées à la cité, elles permettent de mieux comprendre quels rapports unissaient Harfleur à la couronne de France jusqu’au début du règne de François Ier. Avec ce dernier, l’intérêt royal pour la cité semble avoir fortement décliné, sans doute en raison de la création du Havre. La communication permettra de présenter ce fonds épistolaire – prélude indispensable à son édition scientifique.

 

 

Florian MEUNIER

 

De fortification en clocher : voyages et expertises des architectes de la vallée de la Seine aux XVe et XVIe siècles

 

               La fondation du Havre de Grâce a bénéficié de l’expertise de nombreux architectes de la région, souvent rompus aux visites de fortifications des villes de la basse vallée de la Seine. Au même moment, une dynamique de commandes architecturales inédite marque la région située entre Harfleur et Caudebec-en-Caux, dont les flèches des clochers sont l’un des aspects les plus remarquables.

 

               La carrière de l’architecte Thomas Theroulde se trouve au point de rencontre de ces deux domaines : appelé au Havre en 1517, il intervient dans le même temps aux églises de Caudebec-en-Caux et Pont-Audemer et peut-être également à Lillebonne.

               Le Havre s’inscrit ainsi dans la tradition de l’architecture normande en général et rouennaise en particulier. Par leurs voyages et expertises au XVe siècle et au début du XVIe siècle, les architectes de Rouen et de la basse vallée de la Seine ont pu mobiliser, au profit du nouveau port, tous les atouts de la culture architecturale héritée de la Normandie médiévale.

 

 

Nicolas TROTIN

 

Architecture et sculpture : l'art religieux à la fin du Moyen Âge.

Expression du gothique flamboyant dans le région d'Harfleur.

 

               Si maçons et sculpteurs n'avaient cessé de travailler à Rouen sous l'occupation anglaise, produisant alors des chefs-d'œuvre tels que l'église Saint-Maclou, ce fut toute la Normandie orientale qui, portée par l'embellie économique et l'exaltation spirituelle des lendemains de la reconquête française jusqu'à la fin du Beau Seizième siècle, se couvrit d'églises aux voûtes hardies, pour le décor desquelles, imagiers et verriers ne s'épargnèrent aucun effort.

               De véritables foyers artistiques virent le jour non seulement dans les villes épiscopales comme Rouen et Evreux, mais encore dans nombre de petites villes normandes, ces "villes secondaires" (Bruno Sintic) où l'évergétisme des élites urbaines croisa avec bonheur les aspirations spirituelles des populations prêtes à consentir un effort financier considérable pour inscrire dans la pierre leur christianité (Christelige, selon Kierkegaard). Verneuil, Gisors, la vallée de la Risle en sont des exemples désormais mieux connus ; Harfleur et sa région ne furent pas en reste : tours et flèches en pierre scandent avec emphase le paysage cauchois tandis que les dévotions propres aux paroisses, aux confréries ou aux établissements religieux, furent à l'origine d'un mobilier sculpté dont l'évaluation demeure à faire.

               La présente communication aura donc pour enjeu d'étudier les productions architecturale et sculpturale propres à l'art religieux qui se développa sur la rive droite de l'estuaire de la Seine à la fin du Moyen Âge, en tâchant de les situer dans le cadre élargi de la Normandie orientale, afin d'en comprendre les singularités et les interdépendances avec les autres grands foyers flamboyants de la province.

 

 

Mathieu DELDICQUE

 

Visite commentée de l’exposition à l'Abbaye de Graville - Dans la limite des places disponibles.

 

« Être mécène à l’aube de la Renaissance. L’amiral Louis Malet de Graville ».

 

               Louis Malet de Graville, amiral de France, grand seigneur proche des rois Louis XI, Charles VIII, Louis XII et François Ier, est mort quelques mois avant que le Havre ne soit fondé sur une partie de ses terres normandes, en 1517.  Pour la première fois, une exposition est consacrée à ce personnage et à son exceptionnel mécénat.

               Reconnue d’intérêt national par le ministère de la Culture et réalisée avec le concours exceptionnel de la Bibliothèque nationale de France, la manifestation organisée à l’Abbaye de Graville se propose de découvrir l’histoire de cette figure normande, dans les lieux mêmes qu’il fréquentait, mais aussi les commandes originales qui lui sont dues, témoins d’une époque d’épanouissement des arts, entre Moyen Âge et Renaissance. La visite commentée offrira notamment l’occasion de se pencher sur les chefs-d’œuvre enluminés du plus grand bibliophile laïc de son temps.

 

 
Biographies / Bibliographies

 

WATTÉ Jean-Pierre

Archéologue honoraire du Muséum du Havre – Vice-Président de la Commission départementale des Antiquités - UMR 6566, CReAAH, Université de Rennes

Jean-Pierre Watté a dirigé de nombreux chantiers de fouilles archéologiques, en particulier celles de la motte d’Aplemont (Le Havre). Ses travaux de recherches portent sur toutes les périodes de la Préhistoire et de l’Âge du Bronze, auxquels il a consacré plus de 350 publications, dont Le Néolithique en Seine-Maritime (Éditions du Muséum du Havre, 1990).

 

 

LEMIEUX David

Master Histoire, Territoire, Patrimoines - Université Le Havre Normandie

David Lemieux prépare un master d’histoire ancienne sous la direction de Jean-Noël Castorio,

maitre de conférences en histoire ancienne à l’Université Le Havre Normandie.

 

 

VISSIÈRE Laurent

Maître de conférences en histoire médiévale   - UFR d’Histoire – Université Paris-Sorbonne.

Ses recherches portent sur l’histoire de la France au XVe siècle, en particulier l’histoire militaire, la vie quotidienne des villes en état de siège et l’épistolaire politique. Il a notamment publié ‘Sans poinct sortir hors de l’orniere’. Louis II de La Trémoille (1460-1525), ÉditionsHonoré Champion, Paris, 2008 (ouvrage couronné par le Premier Prix Gobert 2010) et a dirigé plusieurs colloques, dont Le feu et la folie : l’irrationnel et la guerre, fin du Moyen Âge-1920 (avec Marion Trévisi, Presses universitaires de Rennes, 2016).

 

 

BOISSON Julien

Archéologue, responsable des fouilles des Coteaux du Calvaire à Harfleur (2011-2012).

Maîtrise d’archéologie gallo-romaine réalisée en 2000/2001 à l'université Lumière Lyon 2 et

un DESS Archéo-Sciences passé en 2002/2003 à l'université de Bourgogne.

Il a publié avec Delphine Théolas, « Le site d’Harfleur, « Les Coteaux du Calvaire » : une occupation des deux premiers siècles de notre ère », et avec Élodie Tarcy et Marine Drieu, « Les Coteaux du Calvaire » : le témoignage d’une importante communauté entre la fin du Ve et le début du VIIIe siècle », dans Journées archéologiques de Haute-Normandie 2015 (Conches-en-Ouche, 5 et 6 juin 2015), Rouen, PURH, 2016, p. 59-73 et p. 99-110.

 

 

ÉTIENNE-STEINER Claire

Conservatrice honoraire au service de l’inventaire général du patrimoine de la région Haute-Normandie

Elle a publié de nombreuses études à la région havraise : Le Havre, un port, des villes neuves (Paris, Monum, Edition du patrimoine, 2005) ; Auguste Perret et la reconstruction (Rouen, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, 1999) ; Église paroissiale Saint-Martin, Harfleur, Seine-Maritime (avec Anne-Sophie Auger-Sergent et Bruno Duvernois, Rouen, Connaissance du patrimoine de Haute-Normandie, 1999).

 

 

JEAN-MARIE Laurence

Maître de conférences HDR d'histoire du Moyen Âge - Université de Caen Normandie -

CRAHAM - UMR 6273

Ses travaux portent sur la Normandie médiévale. Après avoir étudié l’histoire de Caen à l’époque ducale (Caen aux XIe-XIIe siècles. Espace urbain, pouvoirs et sociétés (Caen, La Mandragore, 2000), elle consacre ses recherches à la navigation en Manche et aux activités maritimes, en particulier le rôle des Normands dans les ports anglais (« Pilote, maître, seigneur, marchand, équipage... Les Normands à bord des navires au Moyen Âge (XIIIe-XIVe siècles) », dans Gentes de mar en la ciudad atlántica medieval, J. Solórzano, M. Bochaca, A. Aguiar (dir.), Logroño, Instituto de Estudios Riojanos, 2012, p. 63-82). Elle est également secrétaire de rédaction des Annales de Normandie.

 

 

ROCH Jean-Louis

Maître de conférences honoraire en histoire médiévale à l’Université de Rouen et membre du GRHis

Ses recherches ont d’abord porté sur la pauvreté et la mendicité au Moyen Âge, puis sur les métiers et la draperie en Normandie (Un autre monde du travail. La draperie en Normandie au Moyen Âge, Mont-Saint-Aignan, PURH, 2013). Il a participé au groupe de recherche du GRHis sur le tabellionage rouennais et dirigé le colloque Tabellionages au Moyen Âge en Normandie. Un notariat à découvrir, (Mont-Saint-Aignan, PURH, 2014).

 

SINTIC Bruno

Après des études d'histoire à la Sorbonne (Paris IV), il commence une carrière d'enseignant du secondaire, dans la région de Rouen : il enseigne actuellement au Lycée Jeanne d’Arc à Rouen. Sa thèse de doctorat d’histoire, soutenue en 2005, a été publiée en 2012 : Petites villes de Normandie, Pont-Audemer, Harfleur, Louviers, Neufchâtel, villes secondaires de la région de Rouen 1450-1550, (PURH-PUC). Il participe à de nombreux colloques, en particulier à ceux du Comité des travaux historiques et scientifiques (CTHS) en 1996, 2002 et 2012.

 

 

MEUNIER Florian

Archiviste paléographe et conservateur en chef du patrimoine au musée du Louvre.

Spécialiste de l’architecture gothique, il a soutenu en 2009 sa thèse de doctorat consacrée à L’architecture flamboyante dans la vallée de la Seine, de Vernon à Harfleur (sous la dir. de Dany Sandron, Univ. Paris IV-Sorbonne) et étudié l’œuvre de Martin et Pierre Chambiges, architectes des cathédrales flamboyantes (Paris, Picard, 2015). Il a aussi publié Le Paris du Moyen Âge (Éditions Ouest France, 2014) dans lequel il présente 50 images du Musée Carnavalet, dont il fut responsable du département Moyen Âge et Renaissance.

 

TROTIN Nicolas

Nicolas Trotin, historien, enseignant en classes préparatoires à Paris, est actuellement doctorant en histoire de l'art de la Renaissance, à l'EPHE-PSL, sous la direction de Mme le Pr.. Sabine Frommel ; il consacre ses travaux de recherche à la sculpture en Normandie orientale au XVIe siècle. Par ailleurs, sociétaire et ancien président de la Compagnie des Antiquaires de Normandie, il préside la Société Parisienne d'Histoire et d'Archéologie Normandes.

 

 

DELDICQUE Mathieu

Archiviste paléographe et conservateur au musée Condé du château de Chantilly.

Il a consacré sa thèse d’École des chartes, soutenue en 2012, à La commande artistique de l’amiral Louis Malet de Graville (vers 1440-1516). Entre Moyen Âge et Renaissance ? pour laquelle il a obtenu le prix Auguste Molinier. Il approfondit actuellement ses recherches dans le cadre d’une thèse de doctorat préparée à l’université d’Amiens. Il a notamment publié une étude sur « La chapelle Saint-Léonard de Rouelles retrouvée (1479-1480) : le vœu d’un seigneur revenu de captivité », (Livraisons de l’histoire de l’architecture, 25 (2013), p. 55-65, en ligne : http://lha.revues.org/304).