La défense s'organise (tiré du Livre de J.Lachastre)

Le capitaine de la ville est le seigneur Jean d'Estouteville, il est assisté des sires d'Harcourt, de Bréauté, de Bacqueville etc. Le 18 août il doit céder le commandement au sire de Gaucourt entré par la porte de Rouen avec un solide renfort de 400 hommes d'armes.Il faut ajouter à cette troupe, les habitants d'Harfleur aptes au maniement des armes. Chacun se doit de participer selon ses moyens à la défense de la ville : garde sur les remparts, fabrication des armes, répartition des murailles et transport des munitions... On sait bien à l'époque, ce que signifie une ville prise d'assaut avec les massacres et les pillages qui suivent.

Il y a des réserves de vivres en quantité suffisante, si le siège ne dure pas trop longtemps. Il n'y aura pas de famine comme à Rouen, quatre ans plus tard, où on jettera dehors les "boyches inutiles", enfants, femmes, vieillards qui mourront de faim dans les fossés entre les deux camps.

En prévision des combats, les Harfleurais renforcent les fortifications.

Au devant des portes ils élèvent des boulevards circulaires protecteurs. Le boulevard le plus important est celui de la porte de Leure. Son talus de terre est garni de gros arbres, non équarris, solidement serrés et reliés. Selon les chroniqueurs, ce rempart de bois s'élève presqu'aussi haut que les murs de la ville. Des anfractuosités, créneaux ou meurtrières permettent de pointer les canons et de tirer à l'arc ou à l'arbalète. A l'intérieur des abris sont aménagés pour les défenseurs et les munitions. Cette barbacane est reliée à la ville par un pont dormant et à l'extérieur par un petit pont-levis en bois. L'ensemble de ce système défensif est entouré d'un profond fossé.

L'entrée du port déjà gardée par deux grosses tours reliées par une forte chaîne est aussi obstruée par des pieux. Comme la marée montante peut permettre aux navires anglais de s'approcher des remparts et des tours, les Harfleurais ont enfoncé d'énormes pieux en rangs épais dans tout le chenal.

Sur les remparts d'Harfleur la défense s'organise. Les arbalètriers et les archers ont à proximité les flêches ou les carreaux en abondance. On a ramassé des pierres et des projectiles divers qui seront lancés sur ceux qui tenteront de s'approcher de la base du rempart. Pour détruire les tours de bois et les autres engins d'approche, les Harfleurais ont préparé des pots contenant des matières inflammmables. D'autres vases contiennent du soufre et de la chaux vives à être jetés dans les yeux de ceux qui tenteraient l'escalade. Les assiégés ont même confectionné des pots remplis de poudre explosive, sortes de grenades défensives ou de bombes.

 

Henry V a fait installer une partie importante de son artillerie face à la porte de Leure. Selon ses ordres, jour et nuit, les soldats creusent la terre et déplacent vers l'avant le talus qui protège les canons. Il s'approchent ainsi très près des fortifications et les boulets peuvent frapper de plein fouet les remparts.

Pour assurer une meilleure protection des artilleurs, Henry V a fait confectionner de solides mantelets de fer et de bois qui se relèvent au moment où le canon doit tirer sur la ville.